Sur la motivation

Quel est le facteur le plus important pour qu’un étudiant réussisse ? La motivation et l’implication. Il faut ressentir de l’intérêt pour ce qu’on étudie et avoir une attitude active. Tout le reste ou presque découle de cette attitude. Le travail est facile lorsqu’on éprouve de l’intérêt. On évite de rester des heures bloqués sans avancer dès qu’on est un peu actif. On pose des questions. On se fait aider. On tente d’autres approches et on choisit celle qui permet d’avancer le plus vite.

Il faut bien s’entendre sur le mot motivation. Je parle de motivation pour la discipline, pas de motivation pour les notes à l’examen.

Il y a deux façons d’aborder une question. La première façon, c’est essayer de comprendre pour soi, par interêt et curiosité. On se confronter à la question, on la bouge, on la débat, on se trompe, on réesaye. Ces tentatives nous apprennent toujours quelque chose, et quelque chose de profond qui nous suit pour le long terme, même quand on n’a pas su trouver la réponse au problème du départ. Cette attitude qui consiste à chercher par gout de la curiosité, par plaisir de tenter de nouvelles expériences apporte aussi beaucoup dans les autres disciplines que les maths. Quand on n’arrive pas à jouer un morceau de piano, on peut bidouiller dans tous les sens, varier les rythmes, la position des doigts, jouer avec puis sans métronome,etc… et écouter ce qui change. On acquiert un sens de la musique qui nous suivra, même si on est parfois frustré quand le morceau est trop difficile et le rendu final pas aussi harmonieux qu’on le voudrait.

L’autre façon d’aborder une question, c’est d’y répondre par rapport à des critères extérieurs. Au lieu de dire, “qu’est ce qui m’interesse ici?”, “qu’est ce que j’ai envie d’essayer?”, je me demande comment avoir une bonne note à l’examen. Sur le court terme, ca peut permettre de limiter la casse, mais sur le long terme, c’est désastreux. On apprend à contourner les difficultés pour maximiser la note, mais on n’apprend rien du coeur de l’activité. Au bout de quelques années, rien n’est acquis des savoirs fondamentaux, les techniques de court terme ne peuvent plus compenser l’absence de savoir, et les résultats deviennent catastrophiques.

Si on continue l’analogie avec la musique, si au lieu de ressentir la musique, on joue au metronome mécaniquement pour passer l’examen, ca peut passer à court terme, mais au bout de quelques années, on n’a acquis aucun sens de la musique, pas de rythme, pas d’oreille, pas de capacité de relachement, et les morceaux plus techniques restent injouables, on ne progresse pas. Si on abandonne le plaisir de la découverte qu’on avait enfant, il n’y a pas de progrès durable.

En résumé, pour progresser, essayer de trouver des questions qui vous intéressent VOUS, sur lesquelles vous avez envie de faire des expériences. Ce n’est pas la peine de vous forcer à vous mettre au travail sur des questions que vous trouvez sans intérêt. Cela revient à “faire semblant”, il n’en sortira rien. Vous ne vous respectez pas vous mêmes quand vous acceptez un travail absurde. Demander “Pourquoi?” est toujours une bonne question. Il faut être intéressé vraiment et authentiquement par ce qu’on travaille. Parmi les savoirs que les enseignants essaient de vous transmettre, repérez les questions qui vous intéressent davantage, il y en a forcément. Ca peut être de petites ou de grandes questions, un simple détail de signe ou toute une démonstration. L’important est que ça vous intéresse, que vous vouliez connaître la réponse. Faites savoir à l’enseignant que vous voulez mieux comprendre ces points là. Demandez de l’aide, revenez à la charge, réessayez… Vous devez selectionner les points qui vous intéressent et y consacrer du temps. C’est votre responsabilité.

Si vous adoptez cette attitude, vous constaterez de nombreux effets positifs. Vous apprenez plus vite et pour plus longtemps. Vous choisissez davantage, vous êtes responsables de vous-mêmes. Enfin et surtout, le travail n’est plus une corvée mais un plaisir car vous passez du temps sur des questions qui vous intéressent plutôt que pour une bonne note. Il y a des échanges avec d’autres personnes, l’activité est vivante. Vous apprendrez alors toute votre vie, car apprendre et faire des efforts est un plaisir dans ces conditions.